CRBE 2013 - Séminaire pluridisciplinaire
3-4 déc. 2013 GRENOBLE (France)

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Mardi 3 décembre 2013

Modalités de calcul et de représentation des indicateurs de bien-être

Session 1 - La construction de la donnée quantitative

Constructions de la donnée et représentations sociales de cette dernière sont liées  car le chercheur n’est pas séparé de la réalité dont il fait l’expérience, en particulier parce que la réalité existe à travers la perception que l’on en a (Zask 2004, citant Dewey). Dès lors, les données et objet de recherche (le bien-être ou le progrès social) sont dépendants des opérations mentales et cadres cognitifs qui sous-tendent le processus d’élaboration de connaissances. Il peut être intéressant de s’interroger sur les registres de légitimation et justification « scientifique » des enquêtes mobilisées.

Il peut être intéressant également d’aborder les enjeux techniques, politiques et scientifiques auxquels est confrontée la production d’indicateurs alternatifs au PIB. On questionnera à cet égard la façon dont les données nouvelles construites sur le bien-être s’intègrent ou pas dans des dispositifs administratifs économiques et de pouvoir. Certains auteurs (Chiapello, 2012) évoquent à ce propos les « routines idéologiques », « rail de la pensée » dans lesquels a tendance à s’inscrire la production du chiffre. Formulé autrement, il pourra ici être discuté des conventions sociales et statistiques (Desrosières) (représentativité, calcul de moyenne, indicateurs synthétiques...) qui président à la construction de la donnée et notamment des « investissements de forme » (Thévenot, 1986) qui créent des formes de résilience dans le temps des structures cognitives et conventions à l’œuvre.

Discuter la portée critique des indicateurs de bien-être et les bannières ou « visions » du progrès (Gadrey, 2012) derrière lesquelles leur production est rangée apparaît aussi être un objet de controverse possible. Le bien-être est-il réduit à l’homo consumerus ? Peut-on séparer les transactions marchandes de la satisfaction qu’elles procurent : identité, réassurance, confiance, lien social ? Autrement dit, comment former des données qui articulent « économie des choses et économie des personnes » ? (Flahault, 2011). Pour poursuivre sur cette posture intellectuelle, il serait intéressant de voir comment un indicateur synthétique ou une batterie d’indicateurs peuvent traduire à la fois le bien-être individuel et le bien-être collectif.

Session 2 - Représentations et cartographies

Toute représentation graphique d’un phénomène (social, démographique, économique, etc.) relève de choix qui président à sa réalisation et qui expriment un parti pris dans la restitution scientifique ou politique d’une certaine réalité sociale, économique, démographique, etc. En particulier, la représentation cartographique, qui vise à rendre compte spatialement et temporellement d’un phénomène, peut se faire selon un nombre infini de représentations cartographiques, ne serait-ce qu’en considérant les choix des données, échelles, maillages, seuils, etc. retenus pour la production de cartes. Les nouvelles technologies informatiques, associées à l’évolution des systèmes d’information géographique, ont permis le développement de nouveaux outils d’exploration et de visualisation des données spatio-temporelles (Mac Eachren & al, 1999). Ceux-ci proposent de nouvelles formes de représentations cartographiques telles que les cartes animées, multimédia, interactives ou encore dynamiques (Peterson 1994), (Kraak, 2006). Pour autant, ces développements ont surtout été guidés par les innovations technologiques, moins par les objets ou phénomènes que l’on souhaitait représenter. Dès lors, les cartes n’assurent pas forcément les fonctions qui leur ont été initialement dévolues : montrer, informer et faire comprendre (Cauvin & al 2008) les structures spatiales et spatio-temporelles sous-jacentes d’un phénomène. Ceci est par ailleurs amplifié par l’accès facilité à de nouveaux outils de production cartographique (GoogleMap, Services Webs Géographiques, etc.) qui peuvent voir reléguer au second plan la pourtant nécessaire réflexion à mener sur ce que l’on souhaite « donner à voir » via une carte.

Nombre de solutions logicielles récemment développées offrent un support pour la représentation et/ou l’analyse des indicateurs de bien-être. Certains logiciels (GapMinder, Google Public Data Explorer, OECD Regional eXplorer, HyperAtlas, …) traitent des indicateurs socio-économiques en général, alors que d’autres sont spécifiquement dédiés aux indicateurs de bien-être (OECD Better Life Index, UNDP StatPlanet, les outils de la NEF, Prosperity Index, Mappiness). La richesse fonctionnelle de ces outils évolue au rythme à la fois de l’évolution des définitions des indicateurs de bien-être, et des exigences des utilisateurs en matière d’analyse. Néanmoins, plusieurs questions soulevées par les spécificités de l’analyse spatiale des indicateurs de bien-être sont à étudier pour améliorer les services rendus par de tels outils. On citera notamment la construction ou la définition même des indicateurs de bien-être, la mobilisation de données recensées bien souvent sur des zonages différents, la prise en compte de recomposition des découpages du territoire au cours du temps, l’avénement des données citoyennes, etc..

 

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